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Thème 1 – La stratégie et la vision de l’UIP pour promouvoir la paix : vers la création d’une communauté d’experts parlementaires fondée sur la science et la paix

 

Intervenants : Ambassadeur Mokhtar Omar (UIP), M. Denis Naughten (Président du Groupe de travail sur la science et la technologie de l’UIP), M. Gennaro Migliore (Président du Comité sur les questions relatives au Moyen-Orient de l’UIP), M. Serge Stroobants (Directeur des opérations pour l’Europe et la région MENA à l’Institut pour l’économie et la paix (IEP))

 

Les Écoles de la science au service de la paix :

 

M. M. Omar (UIP) explique que le projet des Écoles de la science au service de la paix a été conçu pour permettre aux parlementaires d’unir leurs efforts et de se rendre compte par eux-mêmes du modèle de coopération scientifique. L’objectif de la présente réunion n’est pas de prendre des décisions concernant le programme, mais plutôt de permettre au Secrétariat de préparer de manière adéquate la première conférence des parlementaires sur l’eau. Les Parlements membres de l’UIP ont convenu de plusieurs objectifs stratégiques pour l’Organisation, dont l’un est l’autonomisation des parlementaires. L’invitation de partenaires extérieurs garantit que le concept de science est au premier plan de l’ordre du jour. Les Écoles de la science au service de la paix visent à préparer le terrain pour les parlementaires et à assurer la mise en place d’un réseau durable pour l’avenir. Des mécanismes seront mis en place pour améliorer et développer le programme dans les mois et les années à venir.

M. G. Migliore (Président du Comité sur les questions relatives au Moyen-Orient de l’UIP) estime qu’il est important de bien comprendre le sens de l’initiative Écoles de la science au service de la paix. Il s’agit fondamentalement d’un programme destiné aux responsables politiques et à leurs conseillers techniques. La réputation de l’UIP et du CERN garantira que le programme sera perçu comme une initiative scientifique sérieuse. L’objectif global est toutefois de relier les concepts de science et de paix par l’intermédiaire de l’École. Le présent événement étant la première session à avoir lieu, il s’agit d’un forum modèle pour montrer ce qui peut être accompli. Si un événement est bien organisé, il permettra à un plus grand nombre de personnes, notamment les acteurs étatiques et le secteur privé, de se réunir pour partager leurs expériences. Il est essentiel d’être ouvert à de nouveaux projets et initiatives.

Une approche fondée sur des données probantes pour les textes législatifs :

M. D. Naughten (Président du Groupe de travail sur la science et la technologie de l’UIP) déclare que l’Irlande n’est pas différente des autres pays du monde. Les parlementaires du monde entier se voient généralement attribuer un documentaliste ou un assistant parlementaire. Dans la plupart des cas, ces membres du personnel sont employés pour traiter les affaires de leur circonscription, plutôt que de mener des recherches pour le compte de leur parlement national. Bien que des fonds aient été alloués à des collaborateurs supplémentaires, les parlementaires ignorent régulièrement les aspects scientifiques de la recherche. Les responsables politiques sont particulièrement fervents de données probantes et d’études de cas, mais il est impératif de convertir la science en un langage qui communique efficacement les éléments probants pertinents. Il se souvient d’avoir utilisé exclusivement des données empiriques dans le passé pour répondre à une série de questions au cours d’un débat. Toutefois, grâce au renforcement des capacités de recherche, il dispose désormais de données factuelles et peut communiquer plus facilement les résultats de ses recherches à ses collègues. À titre d’exemple, la question du COVID long n’a pas été un sujet prioritaire au sein du Parlement irlandais. Toutefois, après avoir utilisé un rapport de recherche pour justifier la nécessité d’investir dans ce domaine, nombre de parlementaires ont contacté le service bibliothécaire et documentaire pour demander une copie du document en question et même abordé le sujet directement avec lui. Il est essentiel de fournir des données probantes de sorte qu’un ou deux parlementaires soient prêts à partager ces données au sein de leur parlement. Il est important que ceux qui ont été invités à cette réunion soient présents, plutôt que les parlementaires eux-mêmes, car ils peuvent avoir un impact plus important en présentant des études de cas comme preuves empiriques aux parlementaires afin de soutenir les arguments avancés au sein des parlements nationaux. La langue est l’élément fondamental.

L’un des participants précise qu’il est important de trouver un chevauchement entre la science et la politique. Selon lui, la science fonctionne dans un langage très différent de celui de la politique. Certains parlementaires dans le monde ont une formation scientifique. Il est essentiel de les impliquer dans les discussions et dans le cadre des Écoles de la science au service de la paix, afin de tirer efficacement parti de la science et des données probantes dans le discours politique.

Bien que le CERN soit un organisme financé par l’État, ce sont les entreprises privées qui ont le plus à gagner des avancées scientifiques de l’Organisation. En utilisant les intrants de manière rationnelle, les entreprises peuvent devenir plus productives et plus durables. Le secteur agricole, par exemple, utilise 70 % de l’eau dans ses processus quotidiens. Pourtant, dans certains pays, l’eau est utilisée de manière plus efficace. Il faut donc partager les expériences et les études de cas, ce qui nécessite de la technologie et de la science. Il demande des précisions sur la contribution du secteur privé au CERN.

Mme A. Del Rosso (CERN) dit que le CERN s’est concentré sur la science fondamentale, plutôt que sur la science appliquée. Il existe des mécanismes de transfert de technologies et de capacités de pointe vers l’industrie, ainsi que d’autres formes d’interaction et de coordination.

Le participant des Pays-Bas explique qu’au cours des dernières années, le Parlement néerlandais a mis en place de nouveaux systèmes pour garantir que les connaissances et les informations utilisées au quotidien sont réellement indépendantes et ne proviennent pas du gouvernement ou de certains groupes de pression. Chaque commission dispose désormais d’un personnel capable de mener ses propres recherches. Un protocole d’accord a été signé avec plusieurs universités et institutions néerlandaises afin de faciliter la collecte d’informations sur les débats politiques. Il y a eu quelques difficultés au départ, car les parlementaires de certains milieux politiques recherchent intentionnellement certains résultats. Toutefois, au fil des ans, l’initiative a été utilisée sur une base plus objective, dans le cadre du processus décisionnel global.

Le participant de l’Inde explique que l’objectif de l’Académie nationale des sciences de l’Inde est de créer un cadre dans lequel les parlementaires ou les membres des commissions peuvent bénéficier d’une expertise scientifique qui sera utilisée pour résoudre des problèmes liés à leur circonscription, éclairer le dialogue politique ou être utilisée dans les négociations internationales. Il s’agit également d’un moyen d’éliminer toute forme de bureaucratie dans l’accès à la science. Il espère qu’elle donnera des résultats positifs à l'avenir.

M. S. Stroobants (Directeur des opérations pour l’Europe et la région MENA, Institut pour l’économie et la paix) affirme qu’il s’agit d’une décision personnelle ou politique d’élaborer une législation ou une action politique à partir de ressources fondées sur des données probantes ou d’approches empiriques. Pour certains pays, l’utilisation de la recherche indépendante dans l’élaboration des politiques et la prise de décision n’est pas une option, il est donc important qu’une organisation telle que l’UIP soutienne ces parlements. Il est incroyable de voir les collaborations et les échanges de bonnes pratiques et d’informations qui ont lieu entre les parlements. Les ressources fondées sur des données probantes ont transcendé les affiliations politiques, qui travaillent non seulement dans l’intérêt des parlements nationaux, mais aussi aux niveaux national et international.

Lors de la dernière Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui s’est tenue à Charm el-Cheikh, on a observé de fortes disparités entre les modèles et les solutions présentés pour lutter contre les effets des changements climatiques et les sommes d’argent consacrées à d’autres préoccupations. Les sommes faramineuses dépensées pour sauver les économies nationales lors de la pandémie de COVID-19 en sont un exemple. Ces différences notables s’étendent également au coût de la violence. Chaque année, les dépenses mondiales consacrées à la violence s’élèvent à 16 500 milliards d’USD, dont 80 % à l'endiguement de la violence. 1 % seulement de ce chiffre équivaut au budget mondial total consacré au développement à l’étranger. Investir dans la violence et les conflits est un choix politique. Le modèle économique de la paix est beaucoup plus rentable que le modèle économique des conflits. Ces jours-ci, l’US Air Force a annoncé son intention d’acquérir au moins 100 bombardiers B-21 Raider. Un seul bombardier coûte près de 700 millions d’USD. Investir directement dans la prévention de la violence est un choix politique. Il est difficile d’imaginer combien de milliers de projets pourraient être financés pour réduire l’impact des changements climatiques si des options différentes avaient été privilégiées. Les parlementaires sont élus pour servir leurs communautés et leurs circonscriptions. La science et la recherche peuvent fournir des faits, des données et des éléments probants pour aider à élaborer des politiques et à servir les communautés plus efficacement.

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