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Thème 2 – Relever les défis régionaux grâce à la neutralité de la science

 

Intervenant : Dr Maurizio Bona (Ancien Conseiller principal en charge des relations parlementaires et de la politique scientifique au CERN, Vice-président de l’Année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable)

Le CERN : une organisation internationale plutôt qu’un institut de recherche :

Le Dr M. Bona (CERN) estime qu’il est important de considérer le CERN en tant qu’organisation internationale plutôt que comme un institut de recherche. Il a été créé par un groupe de scientifiques, d’hommes politiques, de diplomates et d’intellectuels dans le but de rétablir la recherche scientifique en Europe après la Seconde Guerre mondiale. Ses principaux objectifs consistent à mener à bien des programmes scientifiques et à faciliter la reprise du dialogue entre les pays qui étaient jadis en guerre. L’idée selon laquelle le CERN est un lieu de science et de paix est ancrée dans la phase constitutive de l’Organisation. Comme le stipule la Convention du CERN, l’Organisation s’abstient de toute activité à fins militaires et les résultats de ses travaux expérimentaux et théoriques sont publiés ou de toute autre façon rendus généralement accessibles. La connaissance ne doit pas rester confinée par des obstacles ou des frontières. Le CERN est devenu l’un des hauts lieux du dialogue international tout au long du XXe siècle. Cette action a été et reste révolutionnaire, d’autant plus que certains États ont encore du mal à entamer un dialogue avec des pays avec lesquels ils ne sont pas tout à fait d’accord.

            Le CERN a un modèle de gouvernance caractéristique. Premièrement, l’Organisation repose sur une Convention simple et solide qui exclut toute association militaire. Deuxièmement, la composition des délégations au Conseil est unique. Chaque État membre dispose d’une voix qui est partagée entre le représentant politique de l’État membre et un représentant scientifique, qui est généralement le représentant de l’institution chargée de la physique des hautes énergies. Ces deux personnes doivent se comprendre l’un l’autre. Troisièmement, les structures de prise de décision sont relativement simples par rapport aux structures utilisées dans le système des Nations Unies. La recherche scientifique de haut niveau est particulièrement coûteuse ; il est essentiel de ne pas investir dans le mauvais domaine. Les décisions ne sont pas prises par des représentants politiques, mais proposées par des scientifiques. Le Comité des directives scientifiques évalue l’intérêt scientifique des projets proposés et formule des recommandations sur le programme scientifique du CERN. Ses membres sont des scientifiques choisis par leurs collègues et nommés pour leurs compétences scientifiques, indépendamment de leur nationalité. Quatrièmement, l’Organisation est beaucoup plus petite, puisqu’elle ne compte que 23 États membres. Toutefois, une centaine de pays participent aux activités de recherche. Sur le plan opérationnel, l’Organisation travaille avec des chercheurs des États membres et des pays tiers, et soutient les communautés nationales de recherche. Elle mène une politique active d’inclusion pour veiller à ce que les connaissances ne soient pas limitées par des obstacles liés à la nationalité, à l’âge, à la religion, au sexe, etc.

Le besoin d’interprétation entre le langage de la science et celui de la politique :

Outre les résultats scientifiques, l’Organisation sert de modèle pour le dialogue et la paix dans le monde. Les principes du CERN ont été transposés dans la création du Centre de rayonnement synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées au Moyen-Orient (SESAME), et une perspective similaire est à l’étude dans les Balkans occidentaux.

La première session des Écoles de la science au service de la paix met l’accent sur le principe de la transformation des éléments de conflit en facteurs de coexistence. Un tel objectif est admirable, mais sa mise en œuvre repose en grande partie sur la volonté. Au fil des ans, diverses organisations internationales ont proposé des objectifs louables, mais la cause première de leur échec est toujours la politique. Pour s’attaquer aux vrais problèmes et faire en sorte que la science serve de catalyseur de la paix, il est essentiel d’instaurer la confiance. Les gens ont besoin de travailler ensemble. Chacun vit des événements similaires à un moment ou à un autre de sa vie. Partager de tels événements et expériences peut contribuer à instaurer la confiance. Les Écoles de la science au service de la paix visent à encourager la collaboration internationale et à donner l’occasion à des personnes partageant les mêmes intérêts de se rencontrer et de collaborer à des projets. Le langage universel de la science contribuera à faciliter ces rencontres et ces collaborations. Il est important de comprendre que la science ne se traduit pas automatiquement par la paix. La science, comme la musique ou le sport, permet d’acquérir la compréhension, la patience, le courage et la curiosité de s’écouter les uns les autres.

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