
Écoles de la science au service de la paix
Thème 1 – La diplomatie scientifique
Intervenants : Dr Archana Sharma (Chercheure principale au Département de physique du CERN), Dr Pippa Wells (Directrice générale adjointe de la recherche et de l’informatique du CERN)
Le Dr A. Sharma fait remarquer que la physique des particules n’est pas un domaine isolé, mais qu’elle touche à tous les aspects de la vie. Les étudiants du CERN sont ainsi convoités par de nombreux secteurs d’activité, depuis les sciences spatiales, l’astrophysique et la cosmologie jusqu’à l’ingénierie, la physique médicale, les applications industrielles et la météorologie.
Le Grand collisionneur de hadrons (LHC) fonctionne depuis plus de 10 ans et est actuellement en cours de modernisation pour devenir le Grand collisionneur de hadrons à haute luminosité (HL-LHC). Le HL-LHC utilisera de nouvelles technologies qui produiront dix fois plus de collisions que le LHC. La mise à niveau est un véritable défi, mais elle pourrait permettre aux scientifiques d’accéder à la matière noire. Il s’agit d’un projet intergénérationnel, les générations successives étant responsables de la préparation, de la construction et de l’utilisation de l’équipement. Il entrera en service en 2029.
Le CERN est fondé sur l’idée d’une science au service de la paix :
Le CERN a été créé en 1954 par 12 États européens avec un certain nombre d’objectifs : 1) mettre en commun les ressources pour développer des infrastructures de recherche de premier plan en physique nucléaire et physique des particules ; 2) éviter l’exode des scientifiques d’Europe ; et 3) rétablir une collaboration pacifique en Europe après la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit d’une organisation intergouvernementale fondée sous les auspices de l’UNESCO.
Le CERN a été créé en vertu de la Convention portant création d’une organisation européenne pour la recherche nucléaire, signée et ratifiée par les 12 États membres initiaux en 1954 et révisée en 1971. En vertu de l’article 9 de la Convention, le CERN jouit de privilèges et d’immunités dans l’intérêt de l’Organisation. Il existe également des accords avec les pays hôtes ainsi que le protocole sur les privilèges et immunités de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, signé par l’ensemble des États membres en 2004. Le statut accordé aux États membres est celui d’une personnalité juridique internationale qui bénéficie d’un régime fiscal et douanier particulier, de l’inviolabilité de ses locaux et de ses archives, de l’immunité juridictionnelle, d’un accès libre pour les fonctionnaires et de privilèges et immunités spécifiques pour le personnel afin de faciliter l’exercice des fonctions officielles.
Au fil du temps, le nombre d’États membres du CERN est passé de 12 à 23. Il y a également trois États membres en phase préparatoire à l’adhésion, sept États membres associés et six observateurs. Le statut d’observateur de la Fédération de Russie et de l’Institut unifié de recherches nucléaires est actuellement suspendu. En outre, le CERN a conclu une cinquantaine d’accords de coopération avec des pays tiers. Cela signifie que le monde entier est engagé d’une manière ou d’une autre.
Le CERN dispose d’un budget annuel de 1,2 milliard de CHF. Il compte au total 2 676 employés et 783 stagiaires. Il compte également un grand nombre d’associés, y compris 11 175 utilisateurs, dont beaucoup utilisent les installations à distance dans le monde entier. Le siège du CERN se trouve en Suisse, mais certains de ses locaux s’étendent également en France. Le fait que les locaux soient situés dans deux États hôtes est une situation unique qui facilite la coopération pacifique.
Les activités du CERN:
Les activités du CERN sont définies dans la Convention. L’Organisation s’efforce globalement d’encourager la collaboration dans le domaine de la recherche nucléaire à caractère purement scientifique et fondamental, s’abstenant de toute activité à fins militaires. Les résultats de ses travaux expérimentaux et théoriques sont toujours publiés ou mis à la disposition du public. Les activités comprennent la construction et l’exploitation de laboratoires de recherche internationaux contenant : 1) un ou plusieurs accélérateurs de particules, 2) des appareils destinés à être utilisés dans le cadre du programme de recherche exécuté sur les accélérateurs, et 3) l’infrastructure scientifique et administrative connexe. Le CERN intervient par ailleurs dans l’organisation et le parrainage de la coopération internationale en physique des particules, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des laboratoires. Parmi les domaines de coopération les plus importants figurent la physique théorique et les rayons cosmiques. D’autres activités comprennent la promotion des contacts et des échanges de scientifiques, la diffusion d’informations à des fins de vulgarisation et la mise en place de formations avancées. Des travaux sont également menés pour soutenir la communauté scientifique internationale dans les domaines de la physique nucléaire, de la physique des particules et des astroparticules, et aider à définir la stratégie européenne pour la physique des particules.
Les accélérateurs de référence du CERN :
Le LHC est un collisionneur bien connu qui a été mis en service en 2009. Toutefois, d’autres collisionneurs plus petits ont également existé auparavant, notamment le Synchrocyclotron (1957-1990), le Synchrotron à protons (1959), le Super Synchrotron à protons (1976), les Anneaux de stockage à intersections (1971-1984) et le Grand Collisionneur Electron-Positron (1989-2000). Les anneaux de stockage à intersections ont servi de premier collisionneur de protons, tandis que le grand collisionneur électron-positron s’est trouvé dans le même tunnel que le LHC.
La gouvernance du CERN :
Le CERN a une structure de gouvernance latérale plutôt que hiérarchique, étant donné le nombre de consultations qui doivent avoir lieu. L’instance décisionnelle suprême est le Conseil, qui est chargé de déterminer les politiques scientifiques, techniques et administratives, d’admettre les nouveaux États membres et les États membres associés, d’approuver le programme d’activités, d’approuver la stratégie européenne pour la physique des particules, de nommer le directeur général et de gérer le fonds de pension, entre autres. Le Conseil est composé de deux délégués par État membre, dont un président nommé pour une durée maximale de trois ans. Ses travaux sont régis par le règlement intérieur du Conseil.
Le Directeur général est l’organe exécutif et le représentant légal du CERN. Il ou elle est responsable de la gestion du laboratoire du CERN, de la préparation et de la soumission de propositions au Conseil, de la mise en œuvre des décisions du Conseil, de la présentation de rapports au Conseil et de la supervision de la mise en œuvre de la stratégie européenne pour la physique des particules. L’actuelle Directrice générale, Fabiola Gianotti, est la première femme à occuper ce poste.
Le laboratoire du CERN s’adresse à des personnes du monde entier. Il existe une grande diversité culturelle avec des utilisateurs de 110 nationalités différentes, dont 19,4 % de femmes.
Les priorités scientifiques pour l’avenir :
Le CERN est très audacieux et courageux dans ses priorités scientifiques pour l’avenir. Le plan consiste à exploiter pleinement le HL-LHC, à construire une usine à Higgs pour mieux comprendre la particule, à amorcer la conception d’un futur collisionneur de 100 km capable de repousser les frontières de l’énergie (connu sous le nom de Futur collisionneur circulaire (FCC)), à accélérer la recherche et le développement dans ce domaine et à continuer à soutenir d’autres projets à travers le monde. Le FCC est un projet mondial auquel de nombreux pays collaborent déjà dans le cadre d’une étude de faisabilité en cours. Au total, 34 pays y prennent part, ainsi que 30 entreprises, 147 instituts et la Commission européenne. Le projet FCC dispose d’une structure organisationnelle fonctionnant sous l’égide du Conseil du CERN.
Le CERN continuera à jouer un rôle crucial dans le voyage d’exploration. Il doit oser travailler sur des projets audacieux, pour jeter un pont entre l’humanité et l’avenir et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable. Il est important de travailler ensemble en tant que communauté pour « une terre ».